Le Dixieland, ce jazz né d’un mélange de cultures
Devenu un style de jazz traditionnel à part entière, le jazz New Orleans ou Dixieland est considéré comme la première forme jazz reconnue. Embarquez dans le « riverboat » affrété par le Piccalilli Project et remontez le temps et le Mississipi pour découvrir ce jazz du « Dixie », cette région du Sud-Est des Etats-Unis.
Le Dixieland, c’est quoi ?
Le Dixieland ou jazz New Orleans est la musique populaire par excellence. Elle est exaltante, enivrante, passionnante, stimulante. Issu des bas-fonds de la Nouvelle-Orléans, le Dixieland est le résultat d’un mélange de cultures afro et euro-américaines. Ce jazz a traversé le temps et égaie les événements en tous genres depuis la fin du 19ème siècle.
Le Dixieland, ce jazz inspiré de la musique des affranchis
Certains établissent une distinction historique entre le dixieland (ou dixie) et le jazz New Orleans. Le dixieland serait, selon les musicologues, une transposition « blanche » de la musique des anciens esclaves « noirs »: le jazz New Orleans.
Le dixieland ou jazz New Orleans est donc un style de musique métissée qui s’est développé au cœur-même de la Nouvelle-Orléans, à la croisée des 19ème et 20ème siècles et qui ne s’appelait pas encore « jazz ». Il s’étendra et se développera très vite (dans le courant des années 20) aux grandes villes des Etats-Unis. Notamment, New-York, Chicago ou encore Kansas City.
Le Dixieland un jazz à part entière
Fusion de ragtime, de blues, de quadrilles, de variétés françaises et inspiration des fanfares « blanches » ; le dixieland est avant tout multiculturel puisqu’il est né de la rencontre des traditions noires, blanches et caribéennes.
La taille d’un orchestre Dixieland varie mais est toujours composé d’éléments mélodiques : trompette, clarinette, trombone ; et harmoniques et/ou rythmiques : sousaphone, contrebasse, banjo, percussion, washboard, ou encore piano.
Le Dixieland se construit sur base d’un schéma très simple, similaire à de nombreux jazz. Il se caractérise par une polyphonie et une improvisation collectives : un soliste joue le thème (la mélodie) ou sa paraphrase (une variation du thème), tandis que le reste des instruments improvise autour de cette mélodie, soutenu par la section rythmique.
Les airs qui font encore aujourd’hui la renommée du Dixieland se sont déjà glissés au creux de toutes les oreilles : When The Saints Go marching In, Basin Street Blues, Tiger-Rag, Down by the Riverside, Saint James Infirmary,…
Ce jazz New est donc une musique de fête, épicée, à l’accent décontracté et aux saveurs enjouées ; qui procure à qui l’entend, une réelle sensation de joie de vivre.
La Nouvelle-Orléans, là où le jazz est né
Les spécialistes s’accordent à dire que c’est à la Nouvelle-Orléans, au plein cœur de la Louisiane, dans le Sud-Est des Etats-Unis que le jazz est né.
Le jazz est le fruit d’une longue maturation. Un savant mélange de culture africaine, créole et européenne qui s’est opéré au fur et à mesure des rencontres entre communautés réunies à la Nouvelle-Orléans.
À la fin du 19ème siècle, la Nouvelle-Orléans ne vivait plus au rythme de l’esclavage. Une fois la liberté retrouvée, les anciens esclaves commencèrent à utiliser les instruments de musique des « blancs » et développèrent un tout nouveau style de musique. De là naîtrait le jazz…
Mais si l’esclavage était aboli, la ségrégation raciale était bien réelle. À cette époque, La Nouvelle-Orléans était scindée en deux. D’un côté les blancs, de l’autre les noirs.
Entre les deux : Storyville, lieu de débauche voué à la prostitution, à l’ivresse et aux jeux. Seul endroit où les anciens esclaves pouvaient espérer trouver du travail, Storyville allait devenir le foyer de prédilection du jazz.
Les affranchis commencent alors à s’associer pour former des orchestres et des fanfares. Ils sont engagés par les clubs, bars et boites de nuit dont regorge ce quartier malfamé pour créer une ambiance festive et divertir les clients.
En 1917, alors que la guerre fait rage en Europe, les quartiers de plaisirs sont fermés afin de contribuer à l’effort de guerre dans le cadre de l’entrée en guerre des Etats-Unis.
Cela contraint la plupart des musiciens à trouver du travail ailleurs et à migrer vers d’autres cieux. Ainsi le jazz se propagea à l’ensemble des Etats-Unis.
Dixieland et jazz New Orleans des termes controversés
Si pour le commun des mortels, le Dixieland et le jazz New Orleans sont synonymes, d’aucuns puristes considèrent qu’une distinction – surtout historique, plus que musicale – doit se faire entre les deux dénominations.
L’appellation Jazz New Orleans ferait référence au « vrai » jazz du début du siècle qui se développa jadis dans les bas-fonds de la Nouvelle-Orléans et interprété par les musiciens afro-américains.
Le Dixieland quant à lui, ne serait que la version « blanche » du jazz New Orleans duquel les musiciens blancs se sont inspirés ; une réinterprétation des musiques des anciens esclaves faite par les orchestres blancs durant les années 20 à Chicago.
Le terme dixieland se propagera rapidement grâce au premier enregistrement de jazz réalisé en 1917 par le quintet « Original Dixieland Jass Band«
Certains musicologues considèrent que le terme Dixieland serait plutôt réservé à cette période de résurrection du Jazz New Orleans qui s’opéra dans les années 40 alors qu’il fut supplanté par le Swing dans les années 30.
Livery Stable Blues, le premier enregistrement jazz
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